Entretien entre Le Palmier Africain et le Philosophe Togolais Antoine Koffi Nadjombé, Représentant du FRAC au Canada ex-Responsable des campagnes d’Amnesty International au Togo. M Nadjombé nous livre ses impressions sur l’actualité politique au Togo et la situation des droits de l’homme sous le régime de Faure Gnassingbé.
Antoine« M. Gilchrist a fait la sourde oreille sur toutes les mises en garde que lui avait adressées le peuple togolais… en faisant un saut dans la marre aux crocodiles. Il mangera et sera mangé à la fin. Et l’histoire l’oubliera. »
Le Palmier Africain: Mr. Antoine Nadjombé, vous avez été le Directeur des campagnes d’Amnesty International au Togo entre 1990 et 1999. Le 5 Mai 1999 un rapport d’Amnesty International a évoqué des massacres après les élections présidentielles 1998 et le rejet de centaines de cadavres par les vagues sur les plages du Togo et du Benin. S’en était suivi une action judiciaire engagée du gouvernement togolais contre le Secrétaire général d’Amnesty d’alors Pierre Sané, puis votre mise aux arrêts du 14 mai au 18 juin 1999, avant de vous réfugier d’abord au Danemark puis au Canada. Avant tout, pouvez-nous révéler ce qui s’était réellement passé et quelle était votre responsabilité dans de rapport ?
Antoine Nadjombé: Je veux préciser que j’ai été réfugié politique au Danemark avant d'entrer au Canada comme immigrant reçu. La raison est simple, le titre de réfugié (politique, humanitaire ou économique) me faisait vivre dans un état de victimisation permanent et, ce titre n’est guère nécessairement libérateur, car, il me mettait en toujours en marge de la société d’accueil. Ceci est la situation plus ou moins générale que vivent des réfugiés. Car réfugié dans le contexte occidental est égale : pauvre, sale, ignorant, sans culture, sans droit, perdu, apatride, qui fait pitié, à qui tout ce qui est offert est une faveur et doit être pris avec empressement jubilatoire. Pour revenir au rapport de 1999, intitulé: ` Togo État de Terreur’, ni les autres membres d’Amnesty International (A.I.), ni moi-même abusivement associés par le régime dictatorial du Togo n’avions aucun lien de loin ou de près à l’élaboration de ce document qui a été publié par le Secrétariat international d’Amnesty suite aux visites accordées par les mêmes autorités togolaises aux chercheurs et spécialises d’A.I. sur le dossier de l’Afrique de l’Ouest. Donc les autorités togolaises savaient réellement les vrais auteurs de ce rapport. Moi, je n’ai été qu’un bouc émissaire, si vous voulez une victime collatérale du fait que les autorités togolaises voulaient présenter une preuve visible et tangible à leurs militants volontairement déchaînés. Les détails de ce malheureux parcourt peut être lu dans mon livre intitulé ‘Togo: Quand la répression oblige à fuir’ disponible sur mon site internet www.dewarre.com.
Le Palmier Africain: Que pensez-vous de la situation actuelle des droits de l’homme au Togo sous le règne de Faure Gnassingbé ?
Antoine Nadjombé:La situation des droits de l’homme au Togo est chaotique, car les Togolaises et Togolais sont humiliés quotidiennement sur tous les plans: politique, socio-économique et culturel. Aucune disposition de la déclaration universelle de droit de l’homme, ni de pacte international des droits relatifs aux droits économiques et sociaux-culturels, ni de pacte international des droits civils et politiques et même la charte africaine des droits de l’homme et des peuples n’est appliquée. Les Togolais ont des droits: celui de mendier, de prostituer et de faire prostitué nos filles, nos sœurs et nos femmes, d’être humilié devant et par les étrangers sur notre propre terre natale, de mourir de faim, de ne recevoir aucune éducation de base, ni professionnelle, ni technique, d’être diplômé à la sueur de ses sacrifices et ceux de ses parents et devenir un conducteur permanent de Zémidjan, de n’avoir droits à aucun soin de santé, de transformer nos parents garants de bonnes mœurs en de menteurs sociaux, histoire de survivre économiquement et celui de vivre dans un environnement totalement insalubre. Voilà en résumé quelques droits périlleux garantis 24 heures sur 365 jours sous le règne totalement dégénéré et endiablé de celui que certains se sont empressés d’appeler « Faure-vi » devenu aussi rapidement que la vitesse de la lumière « Faure-gan ».
Le Palmier Africain: Vous qui avez été prisonnier politique au Togo, dans quelle situation doivent se trouver les compatriotes Guillaume Coco, Fulbert Attiso et les autres détenus ?
Antoine Nadjombé: : Malheureusement, sans vouloir affoler les familles, amis proches de nos camarades de lutte, Guillaume Coco, Fulbert Attiso et les autres, je dirai qu’ils seront actuellement dans un pandémonium. La stratégie de l’ennemi du peuple, celui du régime des Gnassingbé, est d’annihiler tout gène de résistance dans tous ceux qu’ils font prisonniers politiques. Cela veut dire qu'ils les mettent dans des conditions de souffrance et des tortures atroces. Les affaiblir psychologiquement, moralement et physiquement enfin que ces derniers perdent leurs estimes de soi, renonce à leurs propres valeurs et se définir comme n’étant rien. Voilà l’objective ultime de la machine meurtrière du régime que nous combattons. Mais, j’ai l’espoir que la Providence donnera la protection nécessaire à Coco, Fulbert et les autres de traverser ces épreuves sans dommages irréversibles et de s’en sortir comme Shadrach, Meshach, et Abednego, Daniel 3:19-23
Le Palmier Africain: Dans votre livre « Togo: Quand la répression oblige à fuir » vous dites, je cite « Aujourd’hui il ne reste que trois manières de vivre pour les Togolais : pratiquer la politique du singe, c'est-à-dire ne rien dire, collaborer avec le régime, s’opposer ouvertement et fuir pour continuer par vivre ». Ne pensez-vous pas que Gilchrist Olympio a fait la même analyse et a choisi la deuxième option c'est-à-dire collaborer pacifiquement avec le régime pour éviter de mourir a l’étranger?
Antoine Nadjombé: Partons d’abord des faits historiques : le roi Béhanzin, Toussaint Louverture, et d’autres rois et figures emblématiques tant du Togo que d’ailleurs sont morts hors des terres qui les ont vus naître, car, porteurs et défenseurs d’un idéal pour leur peuple. Ils vivent aujourd’hui éternellement dans la pensée et dans le cœur de chacun d’entre nous et il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps. M. Gilchrist passe les 3 phases de ce que j’ai énoncé dans mon livre. Pas seulement la deuxième. Je m’explique: Premièrement, M. Gilchrist a fait la sourde oreille sur toutes les mises en garde que lui avait adressées le peuple togolais souverain à travers certains leaders politiques. Il n’avait de raison que lui-même. Deuxièmement, il a décidé de collaborer avec le régime de la famille Gnassingbé et ses alliés en faisant un saut dans la marre aux crocodiles. Il mangera et sera mangé à la fin. Et l’histoire l’oubliera. Troisièmement, on pourra lui accorder le bénéfice de doute qu’il a lutté dans un premier temps aux côtés du peuple.
Le Palmier Africain: Jadis, Gilchrist Olympio qui était persona non gratta au Togo vient de signer un accord de paix avec le pouvoir en place avec une entrée au gouvernement de ses proches. Des réfugiés politiques d’hier comme Logo Dossouvi sont rentrés pour travailler avec le nouveau régime. Peut-on s’attendre a votre retour pour apporter votre pierre à la construction du Togo aux côtés de Faure Gnassingbé ?
Antoine Nadjombé: Les mots des hommes ne me suffiront pas pour exprimer ma profonde tristesse et déception à l’endroit des anciens camarades de lutte avec qui, hier seulement, nous mangions dans la même assiette et échangions des stratégies qui ont décidé personnellement de changer de camp, et ce, pendant que nous croisons le fer avec nos ennemis. Ils osent croire transformer les ennemis de l’intérieur. Erreur grave qui ne saura être oubliée. Écoutez les paroles que l’Éternel adresse à nos ennemis et aux traitres à travers Amos : « 2.14 Celui qui est agile ne pourra fuir, Celui qui a de la force ne pourra s'en servir, Et l'homme vaillant ne sauvera pas sa vie; 2.15 Celui qui manie l'arc ne résistera pas, Celui qui a les pieds légers n'échappera pas, Et le cavalier ne sauvera pas sa vie; 2.16 Le plus courageux des guerriers S'enfuira nu dans ce jour-là, dit l'Éternel ».
À quoi auraient servi toutes ces années de lutte? Certes l’exile n’est pas aisé et personne ne la se coule douce. À quoi aurait servi l’assassinat de nos camarades au Ghana soupçonnés de traitrise avec nos ennemis, si nous-mêmes sommes les pires ennemis du Togo? À quoi aurait servi l’assassinat des hommes et femmes de valeur qui ont cru en la personne de M. Gilchrist et d’autres leaders politiques dont les familles et les orphelins croupissent aujourd’hui dans la misère et la pauvreté au Togo ou dans les camps de réfugiés un peu partout sur la planète? Il leur (à tous les traitres) sera préférable de se suicider que de vivre, tel est le prix à payer pour tout traître. Mathieu, 27 :3-4, car nul ne peut trahir impunément tout un peuple. Le temps viendra où tous ces individus rendront des comptes vifs ou morts. Les arguments tels que : « J’ai agi selon la tradition africaine (togolaise) ou profane, intellectuels…» n’attendriront rien.
Sans prétention, mon engagement pour un Togo libre et démocratique a commencé quand j’étais encore au Collège d’enseignement général (CEG) de 30 août de Kpalimé. Pour moi ce n’était pas un saut d’humeur ou un fait circonstanciel, mais plutôt un appel intérieur pour tenir tête à la dictature d’un seul homme, car je ne concevais pas si jeune qu’une seule personne pouvait terroriser tout le Togo. J’ai donc choisi de me combattre du côté des faibles et des opprimés. Je salue ici toute la population du grand Kloto et de celle que nous appelions : « la ligne du feu » à savoir de Kpalimé à Lomé et de Kpalimé à Atakpamé en passant par les plateaux d’Akposso et d’Akébou pour leur bravoure. Je salue la mémoire de nos camarades tombés, qui sont aujourd’hui nos martyrs pour l’idéal d’un Togo, un havre de Paix et de Prospérité, et de tous ceux et celles qui sont encore engagés tant au Togo qu’ailleurs dans le monde. Pour ce qui me concerne, je reste et resterai avec le peuple jusqu’à la victoire finale. Cette victoire est là depuis le 04 mars dernier, il ne lui reste qu’à être accompli. Che Gevara a dit «si j’avance suivez, si je recule tuez-moi, si je tombe (sur le champ de bataille) vengez-moi»
Le Palmier Africain : Parlons maintenant du FRAC dont vous en êtes le Représentant Officiel et Ambassadeur Plénipotentiaire au Canada. Quelle mission vous a confié Jean Pierre Fabre ?
Antoine Nadjombé: Celle d’être son porte-parole auprès de nos frères et sœurs du Canada.
Le Palmier Africain: Que d’autre, selon vous, peut faire le FRAC pour obtenir gain de cause ?
Antoine Nadjombé: Aller chercher la victoire de notre Président élu, Jean-Pierre Fabre avec le peuple, car, le droit ne se donne pas, mais s’arrache. Le peuple tant au Togo que dans la diaspora est prêt à aller chercher sa victoire confisquée. Je voudrais demander à tous les Togolais de rester mobilisés et vigilants, car, c’est quand on pense avoir tout perdu qu’arrive la victoire. Soyons forts, éveillés et encourageons-nous mutuellement et ne succombons pas aux paroles de tentations telles : « nous sommes vendus, à quoi ça sert de continuer…». Invitons constamment nos frères d’armes à nous rejoindre à travers nos prières et slogans. Et l’Éternel qui a béni le Togo donnera le courage à un d’entre eux d’élever son glaive et les autres le suivront.
Le Palmier Africain : Votre mot de fin
Antoine Nadjombé: Nous sommes porteurs(es) d’une semence, celle d’un Togo libre où le peuple décidera démocratiquement de son avenir. Cette semence est mise et sera transmise de génération en génération tant aussi longtemps que durera la lutte pour la libération de notre chère patrie le Togo, l’or de l’humanité. À la famille Gnassingbé et alliée, je leur demande de reconnaître la victoire du 04 mars 2010 du peuple togolais à travers Jean-Pierre Fabre et de remettre le pouvoir à ce dernier. Sinon, le jour où le peuple se libérera, ceux d’entre vous qui sont endormis pendant des décennies seront réveillés de leur sommeil et feront face à la justice comme ce fut le cas des rois maudits de la France.
Le Palmier Africain : Merci, Monsieur Antoine Nadjombé
Antoine Nadjombé: : Merci à vous aussi pour le bon travail que vous accomplissez.
Interview réalisé par Joël Y. Agbekponou
Source : | Le Palmier Africain
Le Palmier Africain
Antoine« M. Gilchrist a fait la sourde oreille sur toutes les mises en garde que lui avait adressées le peuple togolais… en faisant un saut dans la marre aux crocodiles. Il mangera et sera mangé à la fin. Et l’histoire l’oubliera. »
Le Palmier Africain: Mr. Antoine Nadjombé, vous avez été le Directeur des campagnes d’Amnesty International au Togo entre 1990 et 1999. Le 5 Mai 1999 un rapport d’Amnesty International a évoqué des massacres après les élections présidentielles 1998 et le rejet de centaines de cadavres par les vagues sur les plages du Togo et du Benin. S’en était suivi une action judiciaire engagée du gouvernement togolais contre le Secrétaire général d’Amnesty d’alors Pierre Sané, puis votre mise aux arrêts du 14 mai au 18 juin 1999, avant de vous réfugier d’abord au Danemark puis au Canada. Avant tout, pouvez-nous révéler ce qui s’était réellement passé et quelle était votre responsabilité dans de rapport ?
Antoine Nadjombé: Je veux préciser que j’ai été réfugié politique au Danemark avant d'entrer au Canada comme immigrant reçu. La raison est simple, le titre de réfugié (politique, humanitaire ou économique) me faisait vivre dans un état de victimisation permanent et, ce titre n’est guère nécessairement libérateur, car, il me mettait en toujours en marge de la société d’accueil. Ceci est la situation plus ou moins générale que vivent des réfugiés. Car réfugié dans le contexte occidental est égale : pauvre, sale, ignorant, sans culture, sans droit, perdu, apatride, qui fait pitié, à qui tout ce qui est offert est une faveur et doit être pris avec empressement jubilatoire. Pour revenir au rapport de 1999, intitulé: ` Togo État de Terreur’, ni les autres membres d’Amnesty International (A.I.), ni moi-même abusivement associés par le régime dictatorial du Togo n’avions aucun lien de loin ou de près à l’élaboration de ce document qui a été publié par le Secrétariat international d’Amnesty suite aux visites accordées par les mêmes autorités togolaises aux chercheurs et spécialises d’A.I. sur le dossier de l’Afrique de l’Ouest. Donc les autorités togolaises savaient réellement les vrais auteurs de ce rapport. Moi, je n’ai été qu’un bouc émissaire, si vous voulez une victime collatérale du fait que les autorités togolaises voulaient présenter une preuve visible et tangible à leurs militants volontairement déchaînés. Les détails de ce malheureux parcourt peut être lu dans mon livre intitulé ‘Togo: Quand la répression oblige à fuir’ disponible sur mon site internet www.dewarre.com.
Le Palmier Africain: Que pensez-vous de la situation actuelle des droits de l’homme au Togo sous le règne de Faure Gnassingbé ?
Antoine Nadjombé:La situation des droits de l’homme au Togo est chaotique, car les Togolaises et Togolais sont humiliés quotidiennement sur tous les plans: politique, socio-économique et culturel. Aucune disposition de la déclaration universelle de droit de l’homme, ni de pacte international des droits relatifs aux droits économiques et sociaux-culturels, ni de pacte international des droits civils et politiques et même la charte africaine des droits de l’homme et des peuples n’est appliquée. Les Togolais ont des droits: celui de mendier, de prostituer et de faire prostitué nos filles, nos sœurs et nos femmes, d’être humilié devant et par les étrangers sur notre propre terre natale, de mourir de faim, de ne recevoir aucune éducation de base, ni professionnelle, ni technique, d’être diplômé à la sueur de ses sacrifices et ceux de ses parents et devenir un conducteur permanent de Zémidjan, de n’avoir droits à aucun soin de santé, de transformer nos parents garants de bonnes mœurs en de menteurs sociaux, histoire de survivre économiquement et celui de vivre dans un environnement totalement insalubre. Voilà en résumé quelques droits périlleux garantis 24 heures sur 365 jours sous le règne totalement dégénéré et endiablé de celui que certains se sont empressés d’appeler « Faure-vi » devenu aussi rapidement que la vitesse de la lumière « Faure-gan ».
Le Palmier Africain: Vous qui avez été prisonnier politique au Togo, dans quelle situation doivent se trouver les compatriotes Guillaume Coco, Fulbert Attiso et les autres détenus ?
Antoine Nadjombé: : Malheureusement, sans vouloir affoler les familles, amis proches de nos camarades de lutte, Guillaume Coco, Fulbert Attiso et les autres, je dirai qu’ils seront actuellement dans un pandémonium. La stratégie de l’ennemi du peuple, celui du régime des Gnassingbé, est d’annihiler tout gène de résistance dans tous ceux qu’ils font prisonniers politiques. Cela veut dire qu'ils les mettent dans des conditions de souffrance et des tortures atroces. Les affaiblir psychologiquement, moralement et physiquement enfin que ces derniers perdent leurs estimes de soi, renonce à leurs propres valeurs et se définir comme n’étant rien. Voilà l’objective ultime de la machine meurtrière du régime que nous combattons. Mais, j’ai l’espoir que la Providence donnera la protection nécessaire à Coco, Fulbert et les autres de traverser ces épreuves sans dommages irréversibles et de s’en sortir comme Shadrach, Meshach, et Abednego, Daniel 3:19-23
Le Palmier Africain: Dans votre livre « Togo: Quand la répression oblige à fuir » vous dites, je cite « Aujourd’hui il ne reste que trois manières de vivre pour les Togolais : pratiquer la politique du singe, c'est-à-dire ne rien dire, collaborer avec le régime, s’opposer ouvertement et fuir pour continuer par vivre ». Ne pensez-vous pas que Gilchrist Olympio a fait la même analyse et a choisi la deuxième option c'est-à-dire collaborer pacifiquement avec le régime pour éviter de mourir a l’étranger?
Antoine Nadjombé: Partons d’abord des faits historiques : le roi Béhanzin, Toussaint Louverture, et d’autres rois et figures emblématiques tant du Togo que d’ailleurs sont morts hors des terres qui les ont vus naître, car, porteurs et défenseurs d’un idéal pour leur peuple. Ils vivent aujourd’hui éternellement dans la pensée et dans le cœur de chacun d’entre nous et il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps. M. Gilchrist passe les 3 phases de ce que j’ai énoncé dans mon livre. Pas seulement la deuxième. Je m’explique: Premièrement, M. Gilchrist a fait la sourde oreille sur toutes les mises en garde que lui avait adressées le peuple togolais souverain à travers certains leaders politiques. Il n’avait de raison que lui-même. Deuxièmement, il a décidé de collaborer avec le régime de la famille Gnassingbé et ses alliés en faisant un saut dans la marre aux crocodiles. Il mangera et sera mangé à la fin. Et l’histoire l’oubliera. Troisièmement, on pourra lui accorder le bénéfice de doute qu’il a lutté dans un premier temps aux côtés du peuple.
Le Palmier Africain: Jadis, Gilchrist Olympio qui était persona non gratta au Togo vient de signer un accord de paix avec le pouvoir en place avec une entrée au gouvernement de ses proches. Des réfugiés politiques d’hier comme Logo Dossouvi sont rentrés pour travailler avec le nouveau régime. Peut-on s’attendre a votre retour pour apporter votre pierre à la construction du Togo aux côtés de Faure Gnassingbé ?
Antoine Nadjombé: Les mots des hommes ne me suffiront pas pour exprimer ma profonde tristesse et déception à l’endroit des anciens camarades de lutte avec qui, hier seulement, nous mangions dans la même assiette et échangions des stratégies qui ont décidé personnellement de changer de camp, et ce, pendant que nous croisons le fer avec nos ennemis. Ils osent croire transformer les ennemis de l’intérieur. Erreur grave qui ne saura être oubliée. Écoutez les paroles que l’Éternel adresse à nos ennemis et aux traitres à travers Amos : « 2.14 Celui qui est agile ne pourra fuir, Celui qui a de la force ne pourra s'en servir, Et l'homme vaillant ne sauvera pas sa vie; 2.15 Celui qui manie l'arc ne résistera pas, Celui qui a les pieds légers n'échappera pas, Et le cavalier ne sauvera pas sa vie; 2.16 Le plus courageux des guerriers S'enfuira nu dans ce jour-là, dit l'Éternel ».
À quoi auraient servi toutes ces années de lutte? Certes l’exile n’est pas aisé et personne ne la se coule douce. À quoi aurait servi l’assassinat de nos camarades au Ghana soupçonnés de traitrise avec nos ennemis, si nous-mêmes sommes les pires ennemis du Togo? À quoi aurait servi l’assassinat des hommes et femmes de valeur qui ont cru en la personne de M. Gilchrist et d’autres leaders politiques dont les familles et les orphelins croupissent aujourd’hui dans la misère et la pauvreté au Togo ou dans les camps de réfugiés un peu partout sur la planète? Il leur (à tous les traitres) sera préférable de se suicider que de vivre, tel est le prix à payer pour tout traître. Mathieu, 27 :3-4, car nul ne peut trahir impunément tout un peuple. Le temps viendra où tous ces individus rendront des comptes vifs ou morts. Les arguments tels que : « J’ai agi selon la tradition africaine (togolaise) ou profane, intellectuels…» n’attendriront rien.
Sans prétention, mon engagement pour un Togo libre et démocratique a commencé quand j’étais encore au Collège d’enseignement général (CEG) de 30 août de Kpalimé. Pour moi ce n’était pas un saut d’humeur ou un fait circonstanciel, mais plutôt un appel intérieur pour tenir tête à la dictature d’un seul homme, car je ne concevais pas si jeune qu’une seule personne pouvait terroriser tout le Togo. J’ai donc choisi de me combattre du côté des faibles et des opprimés. Je salue ici toute la population du grand Kloto et de celle que nous appelions : « la ligne du feu » à savoir de Kpalimé à Lomé et de Kpalimé à Atakpamé en passant par les plateaux d’Akposso et d’Akébou pour leur bravoure. Je salue la mémoire de nos camarades tombés, qui sont aujourd’hui nos martyrs pour l’idéal d’un Togo, un havre de Paix et de Prospérité, et de tous ceux et celles qui sont encore engagés tant au Togo qu’ailleurs dans le monde. Pour ce qui me concerne, je reste et resterai avec le peuple jusqu’à la victoire finale. Cette victoire est là depuis le 04 mars dernier, il ne lui reste qu’à être accompli. Che Gevara a dit «si j’avance suivez, si je recule tuez-moi, si je tombe (sur le champ de bataille) vengez-moi»
Le Palmier Africain : Parlons maintenant du FRAC dont vous en êtes le Représentant Officiel et Ambassadeur Plénipotentiaire au Canada. Quelle mission vous a confié Jean Pierre Fabre ?
Antoine Nadjombé: Celle d’être son porte-parole auprès de nos frères et sœurs du Canada.
Le Palmier Africain: Que d’autre, selon vous, peut faire le FRAC pour obtenir gain de cause ?
Antoine Nadjombé: Aller chercher la victoire de notre Président élu, Jean-Pierre Fabre avec le peuple, car, le droit ne se donne pas, mais s’arrache. Le peuple tant au Togo que dans la diaspora est prêt à aller chercher sa victoire confisquée. Je voudrais demander à tous les Togolais de rester mobilisés et vigilants, car, c’est quand on pense avoir tout perdu qu’arrive la victoire. Soyons forts, éveillés et encourageons-nous mutuellement et ne succombons pas aux paroles de tentations telles : « nous sommes vendus, à quoi ça sert de continuer…». Invitons constamment nos frères d’armes à nous rejoindre à travers nos prières et slogans. Et l’Éternel qui a béni le Togo donnera le courage à un d’entre eux d’élever son glaive et les autres le suivront.
Le Palmier Africain : Votre mot de fin
Antoine Nadjombé: Nous sommes porteurs(es) d’une semence, celle d’un Togo libre où le peuple décidera démocratiquement de son avenir. Cette semence est mise et sera transmise de génération en génération tant aussi longtemps que durera la lutte pour la libération de notre chère patrie le Togo, l’or de l’humanité. À la famille Gnassingbé et alliée, je leur demande de reconnaître la victoire du 04 mars 2010 du peuple togolais à travers Jean-Pierre Fabre et de remettre le pouvoir à ce dernier. Sinon, le jour où le peuple se libérera, ceux d’entre vous qui sont endormis pendant des décennies seront réveillés de leur sommeil et feront face à la justice comme ce fut le cas des rois maudits de la France.
Le Palmier Africain : Merci, Monsieur Antoine Nadjombé
Antoine Nadjombé: : Merci à vous aussi pour le bon travail que vous accomplissez.
Interview réalisé par Joël Y. Agbekponou
Source : | Le Palmier Africain
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